Comparatif des sites Internet d’achat de lunettes en ligne

Acheter sur Internet des lunettes moins chère qu’en magasin d’opticien classique n’est pas très compliqué. Mais quand il s’agit de lunettes spéciales ou des verres correcteurs, c’est mieux de faire quelques précautions avant la commande.
Contrairement à d’autres secteurs économiques, le matché de l’optique aborde lentement le virage du e-commerce. Avec 150 millions d’euros, son volume d’affaire reste faible comparé aux 5 milliards d’euros réalisés par le biais des 12000 points de vente physiques.
Mais de nouveaux acteurs, qui promettent de vous faire réaliser des économies, commencent à mettre à l’épreuve les opticiens traditionnels. Avoir des lunettes de qualité pour moins cher, est-ce possible? Pour le savoir, nous avons comparé dix offres en ligne. Celles de deux poids lourds – Krys et Optic 2000 – qui proposent de la vente sur Internet (contrairement: à Afflelou ou Grand Optical, non retenus). Et celles de huit autres marques moins connues qui, comme EasyVerres, offrent l’assurance qu’un opticien ajustera les lunettes lors du retrait de la commande. Ou qui, comme Keloptic, s’engagent à livrer vos lunettes à domicile.et permettent de contacter leurs opticiens partenaires par téléphone.
Les avantages et les inconvénients des sites d’achat de lunettes sur Internet
Avantages :
- Des prix nettement plus bas
- La possibilité de commander 24h/24 et 7j/7
- Les essais de montures à domicile
- Les conseils en ligne
Inconvénients :
- La difficulté des prises de mesure
- Des risques d’erreurs lors de l’achat de verres progressifs ou pour astigmates
- Le manque d’information sur l’origine des verres
Un avantage de prix non négligeable
J’ai créé Happyview il y a quatre ans pour les 3 millions de Français qui sont allés chez l’ophtalmo mais ne portent pas de lunettes au motif qu’elles sont trop chères », raconte Marc Adamowicz. D’autres pionniers du Web, comme Marc Simoneini (ex-Meetic) à la tête de Sensee ou Philippe Wargnier.Ie patron d’Evioo, affichent la même volonté. Si les grandes-enseignes se contentent d’appliquer en ligne une réduction d’environ 10% sur les montures, les nouveaux, comme l’Usine à lunettes, se montrent plus agressifs: la paire en plastique avec des verres de faible correction avoisine seulement les 38 euros! À titre de comparaison, le panier moyen pour une paire de lunettes correctrices achetée en magasin atteint 420 euros, selon une étude de Kelopticien. Pour arriver à des prix aussi bas, les pure-players réduisent leurs marges par rapport à celles pratiquées par les boutiques. L’opticien classique doit supporter de lourdes charges (pas-de-porte, salariés…). Ce qui a forcément un impact sur les prix qu’il pratique.
Les opticiens en ligne, eux, n’ont pas de pas-de-porte et peuvent réduire leurs marges. Ils doivent néanmoins justifier d’un point de vente bien réel pour obtenir l’agrément de la sécurité sociale. C’est le sésame indispensable pour garantir à leurs clients la prise en charge de leurs frais par l’organisme de santé et les mutuelles. Ils se contentent alors de louer un bureau, bien moins coûteux qu’un magasin. De cette manière, ils peuvent baisser les prix des montures, de moins 10% à moins 30% et celui des verres jusqu’à moins 60%. Attention, les prix les plus bas ne donnent droit qu’à des modèles d’entrée de gamme.
Aussi, toutes les gammes de verres ne sont pas disponibles sur Internet. Vous ne trouverez pas toute la gamme de la marque Essilor. Le fabricant, qui concentre près de 70% du marché des verres correcteurs en France, livre ses produits tant aux magasins qu’aux sites, mais « pour la vente de nos verres sophistiqués, nous souhaitons que certaines conditions soient respectées », justifie son porteparole. En l’occurrence, la prise de contact avec un opticien est indispensable pour déterminer la qualité des verres correcteurs en fonction des habitudes et de la morphologie de l’utilisateur. S’il consent à la vente de certaines gammes de verres aux sites, Essilor ne veut pas que son logo soit utilisé pour faire la promotion de la vente en ligne, insiste le porte-parole. Cette démarche aboutit à des situations ubuesques. Ainsi Happyview indique sur son site travailler avec « le verrier français numéro un » mais ne cite pas la marque. Sensee indique, lui, acheter ses verres à un leader mondial. D’ailleurs, il ne s’agit pas d’Essilor mais il n’a pas davantage le droit de dévoiler son nom. Voilà qui empêcherait les opticiens en ligne de livrer bataille à armes égales avec leurs homologues en magasin.
« Sensee ne peut pas vendre le même modèle de Ray-Ban avec les mêmes verres d’Essilor deux fois moins chers que Optic 2000, s’indigne son patron Marc Simoncini. C’est ça mon combat: vendre les mêmes lunettes deux fois moins cher. On s’est donné dix ans pour y arriver » Chez Evioo qui allie Web et magasin, Philippe Wargnier assure vendre des verres de qualité équivalente à ceux des boutiques 40% moins chers. Le patron de ce site se montre plus nuancé: « Tout le monde ne réclame pas des verres Essilor. »
Les limites de l’achat sur Internet
Quelle confiance faire à Internet? Tout dépend de la correction des verres dont vous avez besoin. L’avis des ophtalmologistes est quasi unanime. S’il s’agit de verres unifocaux avec une correction légère (jusqu’à -2), vous pouvez sans risque en commander sur le Web.
En revanche, si vous êtes astigmate ou si vous devez porter des verres progressifs, mieux vaut vous adresser à un opticien en ligne associé à un réseau de boutiques. Stéphanie Dangre, présidente de la Centrale d’achats d’opticiens indépendants, considère néanmoins que c’est une hérésie: « Le premier acte de prise de mesure consiste à ajuster les lunettes derrière les oreilles, selon les préférences du client. Et ça, vous ne pouvez pas le faire tout seul devant votre ordinateur. »
Pour compenser cette lacune, certains sites comme Happyview conseillent de se rendre dans un magasin. D’autres tels que Easy-Verres préfèrent livrer les montures et verres en kit, l’opticien, en contrepartie d’une commission, se chargeant en boutique du découpage et du montage. Les logiciels d’essais virtuels des montures sont rarement convaincants. Mieux vaut donc profiter des offres de prêt de montures à domicile proposées par Happyview, Keloptic ou Sensee.
Les bonnes mesures
Pour toute commande en ligne, il faut indiquer la correction stipulée sur l’ordonnance mais aussi l’écart pupillaire. Celui-ci correspond à la distance entre l’arête du nez et chaque pupille. Pour des verres progressifs, il faut ajouter la hauteur entre le bas de la monture et la pupille, ce qui suppose que les montures soient posées et ajustées sur le nez de l’utilisateur. Toutes ces données sont indispensables au bon centrage des verres. La moindre erreur peut engendrer un inconfort, prévient le docteur Cyrot, ophtalmologiste. Dans ce cas, le cerveau s’efforce de compenser le mauvais centrage des verres, ce qui occasionne à la longue des migraines, voire des irritations oculaires. À noter que le site « Keloptic.com », qui livre des lunettes montées, a choisi de ne pas proposer de verres progressifs en raison de ces risques.
Conscients de ce problème, Sensee et Mister Spex demandent aux porteurs de verres progressifs d’envoyer une photo de face à partir de laquelle l’opticien du site prendra les mesures. N’est-ce pas plus simple de se rendre dans un magasin? Certains, comme Sensee, n’excluent pas d’adopter un modèle mixte à terme. Pour l’heure, « l’important c’est de convaincre les fournisseurs de verres de nous vendre leurs produits. La vente en ligne de lunettes n’a pas encore commencé ».
Comparatif des sites d’achat de lunettes en ligne

Comparatif de 10 offres d’opticiens en ligne