Quelle est la meileure carte bancaire à choisir et à quel prix

Rien de plus banal qu’une carte bancaire. Et pourtant, ce petit rectangle de plastique s’impose pour tout payer. Il a détrôné le chèque en 2003 et sert à régler plus de la moitié de vos achats (52% en 2011).
Aujourd’hui, la «CB» se veut bien plus qu’un simple moyen de paiement. Pour continuer à s’imposer dans nos vies, elle s’attache de nouvelles fonctions: services d’assurance et d’assistance, de conciergerie (réservation de restaurant, de spectacle … ), de clubs de shopping accordant des réductions promotionnelles, de ristournes en espèces pour épargner sur vos achats (le cashback), voire de signes distinctifs arborant la photo de votre choix. Faut-il souscrire à ces options?
En ce moment, la carte la plus utilisée (près des trois quarts du stock) est une Visa ou MasterCard internationale à débit immédiat, proposée autour de 35 à 40 euros par an dans la plupart des réseaux ou gratuite dans les banques en ligne. Elle vous permet de retirer un peu plus de 300 euros aux distributeurs automatiques de billets (DAB) sur sept jours et de régler vos achats avec un plafond par défaut d’environ 2000 euros par période de trente jours. Cette carte, qui se banalise, peut sembler chère, surtout quand on peut l’avoir gratuitement. Du coup, son prix n’augmente plus. Le 1er Avril, la Caisse d’Épargne Provence-Alpes-Corse (Cepac) baissera même le tarif des cartes Visa à débit différé (de 43 à 36 euros), au niveau des cartes à débit immédiat. Ces cartes internationales standards offrent aussi quelques prestations d’assistance (rapatriement, hospitalisation à l’étranger, prise en charge juridique, carte de remplacement et dépannage de liquide en cas de vol ou de perte à l’étranger), et d’assurance (limitées aux accidents de voyages et, pour les séjours à la neige, aux frais de secours sur piste).
Des cartes haut de gamme plus chères
Pour convaincre les clients aisés de payer plus cher, les banques proposent des cartes haut de gamme avec davantage de services, comme l’assurance annulation et interruption de voyage ou des garanties en responsabilité civile lors de vos déplacements à l’étranger, des prestations «neige» élargies, sans oublier des assurances complémentaires lors d’une location de voiture.
Leur tarif est bien plus élevé et très variable d’un réseau à l’autre: autour de 100 à 150 euros par an pour les cartes Visa Premier, Gold MasterCard et American Express Green; et le double pour les cartes Platinum Visa et MasterCard ou American Express Gold, voire bien plus encore pour la Visa Infinite. Car tout en voulant démocratiser les cartes Premier ou Gold, les banques flattent aussi leur clientèle en quête d’exclusivité, avec l’accès aux cartes Platinum ou Infinite. On y gagne des garanties et des services de conciergerie supplémentaires.
Pour vous aider à franchir le pas, certaines vous accordent des réductions de tarif la: première année, telle la Banque Populaire Rives de Paris qui vous l’offre à moitié prix la première année du changement de statut. Non sans avoir baissé au minimum les prix de ces cartes statutaires, proposant la carte Premier à moins de 100 euros.
Les cartes haut de gamme permettent aussi de retirer davantage d’argent et de dépenser plus. Les retraits hors réseau sont gratuits et en nombre illimité, avec ou sans forfait bancaire, quand ils sont souvent payants avec une CB ordinaire. Un confort, notamment en vacances, car le montant de garantie demandé par un prestataire (par exemple, pour une location de voiture) réduit votre capacité de dépenses, même s’il n’est pas débité. Vous risquez de ne plus pouvoir payer par carte ni retirer d’argent parce que le plafond de paiement de votre carte est considéré comme atteint.
Plafonds ajustables et cadeaux variés
Les banques utilisent cet argument pour vous faire prendre une carte haut de gamme à l’approche des vacances d’été ou de la saison d’hiver; Mais si vous n’avez pas de difficulté de trésorerie, vous pouvez tout simplement faire relever le plafond de dépense, même pour une carte standard! Au moins temporairement. Quasiment toutes les banques vous en donnent la possibilité. Il suffit de le demander à votre conseiller, qui vérifiera que votre situation financière le permet. Ainsi chez LCL, vous pouvez faire relever votre plafond de paiement de 1000 à 4000 euros pour les Visa Clio et les Inventive MasterCard. Avec Boursorama, vous pouvez modifier vous-même vos plafonds de paiements et de retraits directement en ligne. Axa Banque le fait automatiquement à ses bons clients en périodes de vacances sans qu’ils aient à le demander!
Mais l’imagination des banques vous poursuit en d’autres occasions : les Caisses d’Épargne ont profité, par exemple, de la journée de la femme, le 8 mars, pour proposer à leurs clientes une carte «Swarovski», avec en cadeau un pendentif cristallin bleu nuit ou doré selon la couleur de la carte pour toute souscription jusqu’au 31 mars. «Cette opération donne l’occasion à nos clientes de passer à la Visa Premier», ne cache pas Judith Requin, responsable bancarisation-Iard-prévoyance à la Cepac. La Société Générale proposait en même temps à la gent féminine des cartes «Pour Elles» assurant leur sac à main et l’assistance à domicile pour les fuites d’eau et autres dégâts imprévus.
Comme les assurances et les plafonds de paiement ne justifient pas toujours le supplément demandé, les cartes haut de gamme veulent aussi séduire par leurs services au quotidien. «Nous avons une réflexion à mener sur la valeur ajoutée des cartes bancaires, pour ne pas laisser la place aux nouveaux établissements de paiement», explique Pascal François, directeur du développement de la Banque Populaire Rives de Paris. D’autant que d’autres enseignes, comme les hypermarchés ou les groupes pétroliers proposent aussi des cartes bancaires à prix réduit offrant des avantages supplémentaires. Et que les Français sont déjà suréquipés détenant chacun 1,2 carte en moyenne.
Des cartes personnalisables
Les banques ont donc fait preuve d’une créativité débridée pour ajouter des services en option. Telle la faculté de personnaliser sa carte, devenue un must depuis que LCL, dès septembre 2009, a permis d’y apposer une photo personnelle ou un visuel choisi sur catalogue. «Nos visuels régionaux rencontrent un grand succès auprès de notre clientèle déplacée», constate Romain Letue, responsable de la banque au quotidien du Crédit Mutuel Arkea.
Gadget ou vecteur d’image? La Bred propose l’une des plus riches photothèques, moyennant 8 à 10 euros selon le visuel choisi (10 euros pour les séries limitées et pour les photos personnelles).
«La carte est un moyen de véhiculer l’image de banque innovante portée par la Bred Banque Populaire et de renforcer sa relation de proximité avec ses clients», répond Catherine Raveneau, responsable de la banque au quotidien à la Bred Banque Populaire.
Celles qui flattent votre goût du « club »
La Bred est passée à l’offensive en 2010 en développant deux séries de cartes «affinitaires», censées flatter votre sentiment d’appartenance à un club de privilégiés. L’une, Bred&moi, est destinée à tous et l’autre, Affinity, plus spécialement aux femmes. Elles couvrent toutes deux vos achats contre les dommages accidentels et le vol. La banque y gagne, car, positionnée sur une clientèle aisée, elle vend ces cartes plus cher. Une Visa ou une Master version Bred&moi vaut 44 ou 54 euros au lieu de 39,90 ou 45,90 euros en version standard (selon que vous optez pour le débit différé ou immédiat) et plus encore pour l’Affinity (47,40 ou 58,20 euros).
De leur côté, les Caisses d’Épargne s’adressent aux sportifs avec la carte spéciale OM, en partenariat avec le club marseillais! Le sport se marie également à vos cartes au Crédit Agricole (carte Double Action version Bleus) à la Société Générale (carte XV de France). Les mélomanes, quant à eux, sont «enchantés» par les cartes So Music de la Société Générale ou NRJ Banque pop’.
Tout pour vous faire utiliser vos cartes
Les banques et les émetteurs rivalisent donc pour vous équiper et vous inciter à vous servir de vos cartes. Les Crédit Agricole, BNP Paribas, Visa … gagnent des centaines de millions d’euros non seulement sur les cotisations de vos cartes mais aussi, et surtout, sur les commissions facturées aux commerçants sur vos paiements (Graphique).

Ce que les cartes rapportes aux banques : Les banques prélèvent aux commerçants des commissions négociées sur les achat-s par carte, de 0.3 % jusqu’à 3 % pour American Express.
Certaines banques remboursent une partie ou la totalité de votre cotisation annuelle selon le montant de vos achats cumulés, un mécanisme dont profite la moitié des clients d’Axa Banque. Ou les souscripteurs de MasterCard au Crédit Agricole.
D’autres accordent des points pour vos achats sur les programmes de fidélité (programme «Avantage» chez LCL, «Haute Fidélité» au Crédit Mutuel de Bretagne, «Filigrane» à la Société Générale …), qui vous offrent un remboursement ou des cadeaux.
Mieux encore, MasterCard a lancé son site de shopping pour vous inciter à utiliser sa carte sur les achats en ligne réalisés auprès de ses partenaires {mode, hi-tech, alimentation…) et vous rend de l’argent directement sur votre compte bancaire au fur et à mesure de vos dépenses. Boursorama, en période de soldes, proposait à ses clients de s’inscrire à un tirage au sort. Les gagnants se voyaient rembourser une partie de leurs achats! En revanche, le Groupe Caisse d’Épargne, en quête d’économies, vient d’arrêter son programme de fidélité S’Miles.
Garanties, crédits et cartes caritatives
À l’instar des cartes de grandes enseignes commerciales, le Crédit Agricole, LCL, le Crédit Mutuel Arkea, les Banques Populaires… vous proposent, en contrepartie d’un supplément de cotisation, une garantie sur vos achats et une option de paiement à crédit ou en plusieurs fois (carte double action).
Enfin, des cartes caritatives ajoutent le plaisir de soutenir une bonne cause à celui de dépenser, puisque vous faites un don à chaque achat. LCL a, par exemple, lancé les «Cartes du Cœur» au profit de Mécénat Chirurgie Cardiaque, avec des visuels créés par Inès de la Fressange et Jean-Michel Jarre. La Banque Postale, pour sa part, ajoute deux euros à votre cotisation annuelle (reversée à votre choix à Solidarité Sida ou l’Unicef) pour une carte dessinée par un artiste au profit de cette association. La plupart des banques ont bien compris leur intérêt à jouer la générosité, car «les cartes caritatives sont davantage utilisées qu’une carte classique», observe-t-on à la Société Générale.
Baisse de prix en vue?
Mais les consommateurs en Europe ont ralenti leurs achats au dernier trimestre 2011, indique le baromètre Visa Europe. Et c’est dans ce contexte déprimé que les autorités de la concurrence ont forcé les banques à baisser les commissions facturées aux commerçants depuis le 1er octobre 2011, entraînant Un manque à gagner qui pourrait se compter en dizaines de millions d’euros pour chacun des grands réseaux bancaires. Elles ont aussi fait diminuer les commissions sur les retraits aux distributeurs.
Ces interventions publiques montrent l’enjeu que représente le système de paiement par carte en France. En attendant des retombées concrètes sur les cotisations ou les commissions, les clients doivent continuer à faire jouer la concurrence pour avoir les meilleures cartes.
Les prix de quelques cartes selon les enseignes

* Entre parenthèses, prix au-delà du quota gratuit, (1) Gratuit chez les banques partenaires.
(2) Sans dépasser: 460 € par jour dans les distributeurs de billets SG et Crédit du Nord, 300€ / 7 jours dans les distributeurs de billets des autres banques en France. (3) Jusqu’à 15 000 € (limite solde disponible). (4) Sans dépasser 770 € à la Société Générale, au Crédit du Nord et à l’étranger, 900€ par 7 jours dans les autres banques en France. (5) Jusqu’à 137 000 €.