Pouvoir d’achat en France 2012-2013 : Une chute brutale

Le pouvoir d’achat en France a connu une chute brutale en 2012 et apparemment cela continuera à baisser en 2013. Les français commencent à serrer la ceinture.

Les prix augmentent plus vite que les revenus
Cette fois, la chute du pouvoir d’achat des français est brutale. Selon des calculs, le pouvoir d’achat par ménagea perdu 1% en un an, entre juin 2011 et juin 2012. Si l’inflation a été limitée à 1,9%, les revenus n’ont progressé que de 0,9%. Pas de miracle, donc: un ménage qui touche le revenu moyen, soit 3 259 € mensuels, a subi une perte sèche d’une trentaine d’euros par mois.
Et les perspectives ne sont guère réjouissantes. L’Insee prévoit une poursuite de la baisse, un pessimisme partagé par les organismes de prévisions privés.
De fait, tout indique que les catégories sociales dont les revenus sont les plus modestes ont déjà freiné leurs dépenses. Pour elles, l’heure des restrictions a commencé. Du côté des classes moyennes, le temps des arbitrages devrait arriver plus progressivement. Elles pourraient puiser dans leur épargné pour maintenir temporairement leur niveau de consommation et engager les dernières grosses dépenses avant une période de vaches maigres. Selon les divers analystes, celle-ci pourrait durer de trois à cinq ans.
Vêtements, restaurant, on serre la ceinture

Les hausses de prix qui ont eu le plus d’impact sue le pouvoir d’achat
Certains postes de dépenses vont donc être revus à la baisse: assez vite. Ces dépenses, baptisées « discrétionnaires » par certains experts, représentent en moyenne 28% du budget. Et déjà presque 0% pour les familles les plus modestes…
Le secteur de l’habillement risque d’être parmi les premiers touchés. L’indice pointe le poids inhabituel des vêtements dans le budget familial durant l’année 2012. Ainsi, les prix ont enregistré un bond de 4,2%. Une inflation que la hausse des cours du coton, au cours de l’année précédente, n’explique que partiellement. Du coup, le consommateur exploite déjà d’autres filières, comme l’achat d’occasion (Internet, vide-grenier…) ou le don. « La seconde vie des objets se développe sous l’effet de la aise, notamment pour le vêtement » confirme le Crédoc dans un rapport d’enquête publié l’été 2012. Plus de 6% des Français se procurent désormais leur garde-robe via une filière alternative.
Les cafetiers et restaurateurs ont eux aussi, des soucis à se faire. Il est vrai que la hausse de prix constatée dans leurs établissements (+ 2,9%) est d’autant plus surprenante qu’elle intervient après la baisse de la TVA de 19,6 à 5,5% à l’été 2009, (avant un retour à 7%}. En toute logique, les prix auraient dû rester calmes. Les cafés et restaurants apparaissent pourtant en tête des secteurs qui ont le plus amputé le pouvoir d’achat depuis un an (-5 €). Voilà donc une dépense sur laquelle les ménages devraient freiner, surtout si, comme on l’évoque, la TVA repasse de 7 à 10% l’an prochain dans la restauration.
Le tabac, un gouffre pour le budget
Troisième dépense à couper, le tabac. Si les 15 millions de fumeurs ne sont pas effrayés par les quelque 70 000 décès attribués chaque année au tabac dans notre pays, le coût à supporter pour assouvir leur vice devrait les inciter à stopper.
Comment pourrait-il en être autrement? À plus de 6 € le paquet, celui qui fume 20 cigarettes par jour va consacrer 2 190 € par an à sa drogue. Une somme folle pour un smicard, insoutenable pour un bénéficiaire du RSA, et totalement déraisonnable pour un Français moyen. Donc en 2013, arrêtez le tabac, et gagnez le gros lot!
Car, pour le reste, les marges de manœuvre sont moins larges, même si chacun peut chercher à réduire ses dépenses courantes, essentiellement consacrées aux produits de grande consommation. Selon une étude de Symphony IRI, elles représentent en moyenne 39% du budget d’un ménage.
Alimentation, un arbitrage serré
Avec une hausse de plus de 3% sur une année, l’alimentation est un poste susceptible d’être soumis à un arbitrage serré de la part des familles. Fruits (+ 9,4%), légumes (+ 6,7%) boissons (+ 4 à 5%), et café/thé (+ 5,4%) ont rudement gonflé le ticket de caisse depuis un an. Par un changement de comportement d’achat, il est toutefois possible d’alléger la douloureuse. Jusqu’à présent, les ménages ont conservé la liberté de s’offrir des produits de grandes marques, mais en les choisissant parmi les promotions, quitte à être infidèles à leurs références habituelles. Il leur reste une marge pour les mois difficiles: opter pour des marques de distributeurs, ou fréquenter davantage les discounters.
Changer ses habitudes de consommation
Un autre phénomène révélateur est l’essor du drive. En quelques mois, le territoire s’est couvert de plus de l 500 entrepôts auprès desquels les clients viennent retirer leurs achats commandés quelques heures plus tôt sur le site Internet du distributeur. Le drive présente le double avantage de faire gagner du temps et d’éviter les tentations. Stricte observation de la liste des courses et répression de la dépense d’impulsion en magasin, voilà qui convient bien à la nécessaire maîtrise du budget familial pour les produits courants.
Ajoutez à cela la tendance des plats faits maison, et celle concomitante de l’auto-production (potager, verger…), et vous aurez la gamme des réponses à cette nécessité de limiter les dépenses, sans forcément se restreindre. Pour le moment…
Reste la troisième catégorie de dépenses: celles qui sont contraintes. «Ce sont des dépenses réalisées dans le cadre d’un contrat difficilement re-négociable à court terme », selon la définition de l’Insee. Elles tombent en général chaque mois, souvent sous forme de prélèvement automatique, l’institut y intègre, bien sûr, le logement et ses charges (eau, gaz, électricité et combustibles), mais aussi les télécoms, la télévision (redevance, abonnement), les assurances et les frais de cantine… Comme toute sélection, ce choix est discutable: il est possible de réduire le montant de ses primes d’assurance, ou de changer de forfait mobile pour payer moins. La baisse des prix liée à l’arrivée de Free sur le marché du mobile a eu pour effet de redonner 7 € par mois au ménage moyen, ce qui est considérable!
Cela dit, les Français ont de moins en moins de liberté dans la gestion de leur budget. Entre 1959 et 2010, la part de ces dépenses contraintes dans leur revenu est passée de 13 à 28%. Près d’un tiers de nos revenus, sont prélevés automatiquement, ou presque… Et cela risque malheureusement d’augmenter. Car l’encadrement des loyers infléchira peut-être les excès, mais pas forcément la tendance de fond : une augmentation annuelle constamment supérieure à l’inflation ces dernières années. Même modérée (+ 1,5%), la hausse des loyers a entraîné une perte de pouvoir d’achat de 3 € par mois cette année. S’y ajoutent les factures d’électricité (+ 3%) et de gaz (+ 4.4%) qui, selon nos calculs, ont amputé de 4 € par mois le pouvoir d’achat par ménage.
La tendance s’annonce durable. Un rapport du Sénat prévoit une explosion de 50% de la facture d’électricité d’ici à 2020. Elle pourrait atteindre 1 307 € par an en moyenne, contre 874 € en 2011, «du fait des investissements à venir dans le renouvelable et le nucléaire ». La faute aussi à la vétusté de nombreux logements, véritables passoires énergétiques. Face à cette situation, les économies d’énergie deviennent une urgence économique autant qu’écologique. Pour ne pas pénaliser les ménages les plus modestes, on nous a promis l’instauration d’un forfait de base, au-delà duquel le prix de l’électricité, du gaz et de l’eau seraient proportionnels à la consommation.
Difficile à compresser le coût des transports
Les carburants, enfin, sont un autre poste de dépense contraint lorsqu’on habite en milieu rural ou périurbain et que la voiture est nécessaire pour aller travailler. Cette année, la hausse pourtant limitée à 2,6%, a encore rogné 3 € mensuels aux ménages. Pour les citadins, le recours aux transports collectifs n’est pas forcément encouragé, lorsque l’on constate que leurs tarifs ont bondi de 3,4% (4,2% pour le ferroviaire. par exemple). Là encore, le succès du covoiturage montre que les Français s’adaptent à la situation. Si la crise permet de mieux connaitre les gens du village ou du quartier, elle aura au moins cet aspect positif.